Se décrivant comme fasciné par les établissements pénitentiaires et notamment par leurs murs, dont la surface demeure son principal support d'expression, JR voulait à nouveau travailler avec le milieu carcéral pour donner vie à un projet commun entre détenus.
Après avoir franchi, il y a maintenant quelques années, les murs de la prison principale de New York City sur Rikers Island, l'artiste de 37 ans, qui s'est fait connaitre notamment du grand public avec ses portraits d'anonymes en noir et blanc et plus récemment en 2016 en faisant sortir de terre la pyramide du Louvre, s'offre un nouveau terrain d'expression : Tehachapi. Cette prison californienne, classée sous haute surveillance et dont la cour se prêtait parfaitement à un collage, a été retenue par l'artiste parmi 35 établissements de l'état.
Tehachapi, une prison dont on ne ressort jamais
La plupart des détenus sont entrés dans les murs souvent à l'adolescence et ont été condamnés à une incarcération à vie. Ce projet était pour JR un moyen de leur permettre de s'évader du quotidien par une initiative artistique fédératrice.
Lancé en octobre 2019, il donnera lieu à une première rencontre avec 28 prisonniers pour présenter les ambitions de l'artiste et rassembler les témoignages vidéos des 48 participants, dont certains font partie du personnel pénitentiaire.
Un projet fédérateur pour les détenus et le personnel pénitentiaire
Deux semaines plus tard, JR revient avec son équipe et 338 bandes de papier numérotées à coller sur le sol de la cour. Une fois le travail terminé, cette anamorphose, filmée pour l'occasion par un drone, présente les détenus et le personnel rassemblés au fond d'un trou.
En février 2020, JR retrouve l'enceinte de la prison pour s’attaquer à un des murs de la cour afin de le faire disparaitre. Le collage permet aux prisonniers de découvrir la vue et la montagne qui se cachent derrière les parpaings de béton.
L'exposition qui retrace le projet de JR est présentée à la Galerie Perrotin jusqu'au 26 septembre. L'épidémie qui touche actuellement les Etats-Unis et les prisonniers de l'établissement a contraint l'artiste à annuler son projet de parloir virtuel. A l'origine, certains participants au projet devaient témoigner en visioconférence de leur expérience depuis les murs de la prison avec les visiteurs de l'exposition.
Exposition JR - TEHACHAPI jusqu'au 26 septembre 2020
76 rue de Turenne - Paris 3
Entrée libre du lundi au samedi de 11h à 19h
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Tehachapi, Daytime, U.S.A., 2019 © JR. Courtesy of the artist & Perrotin